Selon le FigaroImmobilier
(par Jean-Bernard Litzler / Mis à jour le 27/01/25 11:53 / Publié le 27/01/25 06:00),
Sur le marché immobilier global, les acheteurs étrangers dont la résidence principale n’est pas située en France, ne pèsent qu’un poids très limité. Selon l’étude la plus récente des notaires du Grand Paris, publiée début 2023, ils ne pesaient que 0,8% des acquéreurs en Île-de-France et 2,8% à Paris en 2022. À l’époque, les Américains se payaient la part du lion (23% des acheteurs étrangers), loin devant les Libanais (12%) et les Italiens (9%). Il faut pourtant reconnaître que plus on se situe sur la partie haut de gamme et luxe de ce marché, plus la part des étrangers augmente, toujours avec une proportion significative d’Américains.
La preuve chez Junot Fine Properties Knight Frank, le département «ultraluxe» du réseau immobilier Junot où les étrangers représentent les trois quarts des acquéreurs pour les biens à plus de 4 millions d’euros, selon le dernier bilan annuel de l’enseigne. Si les Américains font jeu égal avec les Français (25% chacun), ils sont devancés cette année par les Chinois (33%). Des clients qui ont déboursé en moyenne 6,8 millions d’euros pour s’offrir un logement d’une surface moyenne de 200 m² (soit 34.000 €/m²). «Il y a plusieurs facteurs qui expliquent cette montée en puissance de la clientèle chinoise dont un fort effet Brexit, estime Alison Ashby, directrice de Junot Fine Properties. Cette clientèle veut garder un pied-à-terre en Europe pour le business et opte souvent pour Paris pour la culture le luxe et la mode. Souvent, ces acheteurs ont déjà un bien à Londres et en ajoutent un à Paris où ils passeront plus de temps.»
Dans le 7e arrondissement, cet appartement de 170 m², situé à l’étage noble d’un ancien hôtel particulier du XVIIe siècle, s’est vendu pour 4,6 millions d’euros. Il nécessitera des travaux (suggestion d’aménagement). Crédit Photo : Junot Fine Properties Knight Frank
Conseillère franco-chinoise
Autre explication de ce fort intérêt: les acheteurs chinois sont aujourd’hui majoritairement des représentants de la «deuxième génération», leurs parents ayant déjà fait fortune et disposant de capitaux et de résidences hors de Chine avec un vrai attrait pour l’Europe. «Ils constituent 80% de notre clientèle chinoise actuelle, précise Alison Ashby. Ils optent pour un style beaucoup plus moderne que leurs parents qui appréciaient les logements très classiques, un peu caricaturaux du style français. Eux préfèrent les designers contemporains et s’intéressent aux 1er, 6e et 7e arrondissements là où les plus anciens ne juraient que par les 8e et 16e arrondissements.» Le fait de disposer de relais en Asie capables d’aiguiller la clientèle chinoise, n’est pas étranger non plus à ce succès. Et pour que l’expérience parisienne soit sans accroc, l’agence immobilière dispose d’une conseillère franco-chinoise en la personne de Nathalie Liu. Un avantage de poids pour saisir au mieux les attentes de la clientèle que sait apprécier la directrice franco-américaine.
Dans le 7e arrondissement, cet appartement de 130 m² rénové par l’architecte Hugo Toro a été cédé pour 4,72 millions d’euros. Crédit Photo : Junot Fine Properties Une clientèle chinoise dont les goûts se rapprochent donc peu à peu de ceux des Américains pour leurs quartiers favoris mais aussi pour leur appétit de logements «clés en main», sans aucuns travaux. Il est vrai que ces acheteurs encore souvent attachés aux principes d’harmonie du Feng Shui se tournent plus volontiers vers le neuf que vers l’ancien. Et comme à Paris, cette offre est inexistante, ils privilégient les rénovations intégrales. Une solution qui outre l’envolée du prix des travaux fait surtout gagner du temps à une clientèle pressée.
Autre point essentiel pour les investisseurs de l’empire du Milieu: disposer d’un maximum de volumes. Un appartement à l’étage noble avec une très belle hauteur sous plafond sera toujours privilégié face à un logement sous les toits, même avec une vue imprenable. Si la clientèle chinoise n’est pas assurée de devancer durablement les Américains sur ces très grosses transactions, elle devrait assurément rester largement présente dans les années qui viennent.